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5èmes Journées de la sécurité routière au travail : sensibiliser à distance les salariés aux dangers de la route
En 2020, la mortalité routière affiche une baisse historique (-21,4%)(1) mais le risque routier professionnel, première cause de mortalité au travail, n’a pas disparu pour autant.
Publié le 17/05/2021 • Mis à jour le 18/02/2022
Du 17 au 21 mai, pendant la 5ème édition des Journées de la sécurité routière au travail, le numérique a la priorité. Chez IBM France, les salariés sont invités à se connecter sur la plateforme intranet IBM Learning, où stationne une palette de modules de formation. « En 2018, nous avons organisé un évènement prévention au risque routier professionnel à plus d’un millier de personnes », se souvient Jean-Luc Chassang, responsable chez IBM France de la sécurité au travail. « Quatorze animations ont été présentées devant le siège de l’entreprise. Les pompiers ont fait une opération de désincarcération de victime. Il y avait aussi une voiture-tonneau pour simuler un retournement et démontrer l’utilité de la ceinture de sécurité, des lunettes pour voir la déformation du champ de vision quand on a trop bu et des simulateurs de conduite ».
Modules numériques
Cette année, « il nous faut respecter les distanciations physiques », dit Jean Luc Chassang. En un clic, les salariés d’IBM France ont accès à une formation de 15 minutes sur le mode de transport de leur choix. « Nous avons choisi aussi de travailler sur la sécurité des trajets entre le domicile et le travail, en mettant l’accent aussi sur les équipements indispensables à vélo, à moto ou à trottinette ».
Chaque module numérique contient des messages de prévention « courts, mais essentiels », précise Jean-Luc Chassang. « Mais aussi des check-lists pour inspecter son véhicule avant le départ et un quiz à vocation éducative ». Toutes les réponses sont enregistrées dans l’espace formation personnel du salarié et les minutes passées sont comptées sur le temps de travail.
Sur son site, la Sécurité routière propose aux entreprises des programmes dématérialisés : « L’essentiel est de participer… et de faire participer les salariés de façon ludique et interactive ».
La grande nouveauté est un kit d’e-mailing prêt à l’emploi. L’employeur envoie quotidiennement un court rappel sur un facteur de risque. Chaque matin, le salarié découvre un texte nouveau.
« Le risque routier professionnel qu’on envisageait auparavant sous l’angle motorisé devient un risque lié aux vélos et aux engins de déplacement personnel, comme les trottinettes » Marie Gautier-Melleray, déléguée interministérielle à la Sécurité routière
Ne jamais rien lâcher
« Ce n’est pas tout de signer », dit Jerôme Marlier, le chef du département santé et sécurité à SNCF Réseau, « ensuite, il faut constamment agir pour éloigner la dérive de comportements déviants ».
Dans cette filiale de la SNCF qui gère toutes les infrastructures ferroviaires du pays, 30 000 salariés sont habilités à utiliser régulièrement les 21 000 véhicules de service, dont 7 000 poids lourds. « Le risque routier est jugé si élevé qu’il est traité à hauteur du risque électrique ou du risque de chute par hauteur, précise Jérôme Marlier. Depuis 2018, l’entreprise n’a à déplorer aucun accident mortel, ni même une hospitalisation de moins de 24 heures.
Pour atteindre et maintenir l’objectif de zéro mort, il a fallu beaucoup investir dans la sécurité passive des véhicules de service et installer des règles très strictes. Pas d’introduction d’alcool dans l’enceinte de l’entreprise, interdiction d’utiliser un deux-roues motorisé au travail et obligation pour un agent contrevenant de payer l’amende d’un excès de vitesse. « On estime ici que chaque action de prévention rapporte le double de ce qu’elle a coûté, dit Jérôme Marlier. C’est un investissement qui rapporte dans le temps, à condition de ne jamais rien lâcher ».
La sécurité routière au travail en chiffres
En 2019, 3 / 4 des personnes tuées (295 sur un total de 406) l’ont été sur le trajet domicile-travail.
Arrêt de travail moyen dans le cadre d’un accident de la route dans le cadre professionnel : 77 jours
4,1 millions de journées de travail perdues chaque année représentant plus de 16 000 salariés arrêtés toute l’année
Soixante minutes de direct à la TV
À la SNCF, les responsables en charge de la sécurité ont coutume de s’appuyer sur les Journées de la sécurité routière au travail pour rappeler les messages qui sauvent. Cette année, tout passe par l’image et le son d’une application de communication collaborative.
Le programme des Journées 2021 de la sécurité au travail sera lancé au matin du 17 mai par une émission de télévision de soixante minutes qui pourra être suivie, en live ou en différé, sur les portables et écrans d’ordinateur des 130 000 agents du groupe. « Pendant la semaine, un pitch est ensuite prévu deux fois par jour par le même canal », dit Jérôme Marlier. « Chacun portera sur les risques routiers qui nous préoccupent actuellement, comme les distracteurs, l’usage du téléphone ou du smartphone en conduisant, et surtout l’endormissement au volant car la plupart de nos missions se déroulent la nuit ». L’émission à thème du matin se déroulera en présence d’un expert, mais le soir, ce sera entre agents pour trouver des solutions propres à l’entreprise.
Trois questions à Marie Gautier-Melleray,
Déléguée interministérielle à la sécurité routière (DSR)
En 2020, Il faut remonter à 1924 pour trouver des chiffres de la mortalité routière aussi bas. Qu’en est-il du risque routier professionnel ?
Nous n’avons pas encore le détail des chiffres concernant le risque routier professionnel en 2020. Oui, le dernier bilan est globalement très bon, mais il est lié à la crise sanitaire. Les confinements, le couvre-feu et le télétravail ont affaibli le trafic routier. En réalité, c’est l’absence d’exposition au risque qui a provoqué la baisse de l’accidentalité et c’est en cela un peu décevant. La prudence s’impose, d’autant plus qu’on a observé en même temps un retour de comportements dangereux, tels que de très grands excès de vitesse. Cela laisse entrevoir un relâchement des comportements. C’est un premier point d’alerte pour nous.
Les Journées de la sécurité routière au travail existent depuis cinq ans. Quel en est le bilan ?
Il y a eu à la fois une progression quantitative (2), ce dont nous nous félicitons et un engagement de plus en fort des entreprises. Le mouvement prend de l’ampleur. De plus en plus d’employeurs vont même au-delà de la réglementation en interdisant, par exemple, l’usage du téléphone mais aussi le kit mains libres au volant. En se mobilisant, les entreprises prennent soin de leurs salariés qui constituent leur première richesse. Pour la Sécurité routière, c’est l’espoir que les bons réflexes acquis dans le cadre professionnel vont se reporter dans les déplacements privés. C’est bien une opération « gagnant-gagnant ».
On nous annonce moins de voitures mais plus de vélos et de trottinettes, la prévention du risque routier professionnel est-elle à un tournant ?
Le risque routier professionnel se diversifie comme les modes de déplacement. Le deuxième point d’alerte après la vitesse excessive, c’est le deux-roues. L’usage du vélo augmente de façon constante depuis une dizaine d’années, avec une nette accélération cette année. Le risque routier professionnel qu’on envisageait auparavant sous l’angle motorisé devient un risque lié aux vélos et aux engins de déplacement personnel, comme les trottinettes. Le nouveau partage de la route qui est en train de s’organiser aura forcément une incidence sur le risque routier professionnel.
J-N.F.
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