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Apprendre la disponibilité pour le travail

Nestlé a lancé depuis un an un vaste programme de coaching pour que 100 000 jeunes d’ici 2020 trouvent un emploi. Tout est basé sur l’apprentissage de la mobilité et de la disponibilité.

100 000 jeunes avec un emploi en Europe d’ici 2017 grâce à une initiative privée. C’est Nestlé, le géant suisse de l’agroalimentaire qui, en 2013, a eu l’idée du programme Alliance 4 Youth (Alliance pour la Jeunesse). Bien « marketé », le programme a attiré 200 entreprises, grands groupes et sous-traitants de Nestlé, dont quelques-uns leaders sur leur secteur comme Facebook, Axa, Facebook, Google, Nielsen, Adecco, Twitter ou Publicis. L’initiative a beau être suisse, la Commission européenne s’y est intéressée et depuis juin, le Parlement européen également. L’idée est simple : Nestlé s’est engagé à prendre en stage, en apprentissage et en formation, 50 000 jeunes de 2014 à 2016. La firme suisse recrute les jeunes au niveau BAC et les prépare aussi bien à rester chez Nestlé qu’à travailler leur employabilité et à développer leur mobilité. En effet, si elle a réservé des emplois pour les jeunes dans ses établissements (20 000 en tout sur 22 pays concernés, dont 3000 en France), elle souhaite les former à « être disponibles pour un emploi ». Aux jeunes qui s’inscrivent on apprend les façons d’être mobiles et la « disponibilité pour le travail ». Ainsi, Nestlé se focalise sur les mille et une manières de décrocher un emploi et demande à ses partenaires de faire de même. C’est essentiellement du coaching et le mentoring pour faciliter la transition entre l’école et le milieu du travail (programme de préparation à l’emploi, avec orientation professionnelle, ateliers de CV et formation aux entretiens d’embauche etc…).

Le groupe agroalimentaire va plus loin et implique également ses fournisseurs, soit 63 000 sous-traitants partout en Europe, dont 8 000 sur le seul marché français. Le programme lancé il y un peu plus d’un an semble fonctionner. Les directions RH de 70 entreprises dans 22 pays concernées par l’initiative estiment aux deux tiers que les stages et apprentissages aboutissent à un emploi permanent, et tout autant estiment qu’elle leur a permis de créer plus d’opportunités de stages et d’apprentissages avec un plus grand soutien financier des gouvernements. L’initiative Nestlé correspond d’ailleurs à peu près au lancement par la Commission Européenne de la Garantie pour la Jeunesse, mise en place en coopération avec les entreprises. Encore peu connue (elle a été décidée en 2013 et commence seulement à entrer en vigueur), cette mesure concerne tous les jeunes européens de moins de 25 ans pour qu’ils aient, dans les 4 mois suivant la fin de leur scolarité ou la perte de leur emploi, une offre de qualité (emploi, apprentissage, stage ou formation continue).

La Finlande qui a mis en place un vaste dispositif de garantie pour la jeunesse, s’est aperçu en 2011, que 83,5 % des jeunes sans emploi ont retrouvé du travail grâce à une offre reçue dans les trois mois suivant leur inscription au chômage. Le dispositif européen est évalué à 21 milliards. D’où l’idée de Nestlé d’être un peu le leader dans le privé d’une stratégie un peu identique. Dans les deux cas, il s’agit en effet de faire baigner les jeunes le plus rapidement possible dans l’entreprise, et dans les deux cas, il s’agit d’accorder tout autant d’importance pour l’embauche à l’apprentissage et l’expérience dans l’entreprise que dans le système éducatif.

 

Antoine Clause

Mis à jour le 27 juin 2022 • Publié le 27 juin 2022

Mis à jour le 31 mars 2022 • Publié le 31 mars 2022