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Marché du travail

Automatisation : Comment gérer la transition ?

Dans une étude, le cabinet McKinsey analyse l’impact de l’automatisation sur l’emploi dans les pays développés et formule quelques recommandations pour passer ce cap.

Selon une récente étude du cabinet McKinsey, l’automatisation du travail pourrait avoir des conséquences sur 60% des emplois dans le monde d’ici 2030. Mais l’impact potentiel de l’automatisation sur l’emploi varie beaucoup en fonction de l’emploi et du secteur étudié. « Dans notre scénario médian, 15% des tâches composant les emplois seront automatisées dans les quinze prochaines années », explique Éric Hazan, directeur associé senior chez McKinsey.

Ainsi, les métiers relatifs à l’utilisation de machines ou la préparation de repas dans les chaînes de restauration rapide par exemple pourraient être rapidement impactés. « La collecte et le traitement des données sont deux autres catégories d’activité qui pourraient être mieux faites et de manière plus rapide avec des machines », expliquent les auteurs du rapport.

À l’inverse, l’automatisation pourrait avoir moins de conséquences sur les tâches impliquant du management, nécessitant de l’expertise ou des interactions sociales. Pour d’autres métiers, McKinsey est plus réservé. Les emplois comme « les jardiniers, les plombiers ou la garde d’enfants verront moins d’automatisation d’ici 2030, parce qu’ils sont techniquement difficiles à automatiser et représentent des salaires relativement bas ».

Des besoins nouveaux

À la faveur de la destruction créatrice, concept dû à l’économiste autrichien Joseph Schumpeter, « nous connaîtrons probablement une phase de création nette d’emplois », reconnaît néanmoins Éric Hazan. « Des besoins nouveaux dans les énergies renouvelables, dans les services de proximité ou alors les nouvelles technologies vont émerger », soulignent les experts de McKinsey.

Les investissements dans les énergies renouvelables, comme l’éolien ou le solaire, dans les technologies d’efficacité énergétique ou dans l’adaptation au changement climatique, pourraient ainsi créer des besoins en main-d’œuvre dans l’industrie, la construction ou l’installation, de l’ordre de « 10 millions d’emplois selon un scénario médian et plus de 10 millions dans un scénario élevé ».

Investir dans la formation

Les auteurs du rapport mettent en avant plusieurs facteurs pour expliquer leurs différents scénarios et notamment l’augmentation des revenus et de la consommation dans les économies émergentes qui pourraient générer la création de plusieurs dizaines de millions d’emplois (entre 250 et 280 millions), notamment dans les pays qui exportent vers ce type d’État. Selon eux, le vieillissement de la population d’ici 2030 pourrait également accroître la demande pour des emplois liés à la santé et aux soins. « D’ici 2030, il devrait y avoir au moins 300 millions de personnes âgées de 65 ans ou plus supplémentaires sur la planète par rapport à 2014. (…) Globalement, nous estimons que les emplois liés au secteur de la santé pourraient croître entre 50 et 85 millions d’ici 2030 ».
Face à ces enjeux, McKinsey recommande aux États d’investir dans la formation des travailleurs.

« La formation va devenir une arme stratégique pour les pays, car la vitesse d’adaptation du capital humain sera la clef du développement à l’avenir », insiste Éric Hazan. « Dans les économies avancées, les emplois qui requièrent seulement un diplôme du secondaire ou moins vont décliner avec l’automatisation alors que ceux nécessitant un diplôme du supérieur vont augmenter. (…) Il y aura une demande pour le travail humain, mais les travailleurs vont devoir repenser des notions traditionnelles liées à leur lieu de travail, leur manière d’exploiter leur talent et leur compétences dans leur travail ».

N.S.

(*) McKinsey, « Emplois perdus, emplois gagnés : l’évolution des forces de travail au moment de l’automatisation », novembre 2017

Mis à jour le 10 juillet 2018 • Publié le 10 juillet 2018

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