Marché du travail
« Avec le Covid, la France a ouvert ses plans d’aide à de nouvelles catégories de travailleurs »
Dans un rapport publié début mars, la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail (Eurofound) se penche sur les conséquences du Covid-19 sur l’emploi et les conditions de vie dans les 27 États membres de l’Union européenne. L’une de ses auteurs, Tina Weber, revient pour Emploi Parlons Net sur certains apports de cette étude.
Publié le 06/07/2021 • Mis à jour le 18/02/2022
Les différents systèmes sociaux européens ont-ils répondu efficacement à la crise ?
Ils ont offert de nombreux amortisseurs : les États membres de l’UE ont mis en place des systèmes de chômage partiel et des dispositifs de soutien aux salariés qui, et c’est l’une des principales innovations, ont inclus dans certains pays les indépendants. Néanmoins ces mesures restent temporaires. Il faudra voir comment les choses évoluent à la fin de la pandémie. En tirera-t-on des leçons ? Pour certains, être indépendant est un choix, de même que celui de ne pas contribuer financièrement, ou de manière limitée, au système de protection sociale. La crise a mis en lumière toutes ces questions qui doivent désormais trouver une réponse.
« C’est une innovation : certains dispositifs d’aide incluent les indépendants »
Quelle est la spécificité des amortisseurs sociaux mis en place en France ?
La France a été l’un des pays qui a ouvert le plus ses plans d’aides à de nouvelles catégories de travailleurs : ceux à temps partiel ou travaillant chez eux, les contrats de très courte durée, les CDD et autres contrats temporaires. Cela est relativement inhabituel comparé aux autres pays. La France est aussi un pays où, dès le début, l’accès aux programmes d’aide s’est révélé plus long qu’ailleurs, avec l’Allemagne.
Quel est l’impact du Covid-19 sur le travail en Europe ?
On distingue plusieurs types de travailleurs : ceux dits essentiels qui ne peuvent pas travailler de chez eux et doivent se rendre sur leur lieu de travail, tels les travailleurs de la santé ou des transports ; ceux qui peuvent télétravailler, dont la santé se trouve mieux protégée ; ceux confinés sans pouvoir travailler et profitant des plans d’aide du gouvernement. Au-delà de ces trois catégories, on constate que, comparé à la crise de 2008, les femmes ont été les plus touchées par la crise, en particulier celles occupant des postes faiblement rémunérés. Les télétravailleurs apparaissent aussi comme ayant des niveaux d’éducation plus élevés, habitant en zone urbaine et travaillant dans des secteurs où ils peuvent se permettre ce type de travail. Donc, d’une certaine façon, la crise donne lieu à de nouvelles formes d’inégalités en termes d’emploi.
Quelles leçons positives tirer de la crise ?
D’une part, les gouvernements se mettent à intégrer les indépendants dans leurs systèmes de protection sociale, même si le niveau de protection reste moindre pour ces derniers que pour les salariés. Par ailleurs, le télétravail a convaincu les employeurs, dont certains restaient dubitatifs jusque-là. La crise a montré que cette forme de travail était possible. Certaines études tendent même à montrer que la productivité peut être plus élevée quand les salariés travaillent de chez eux. Cette forme de travail pourrait aussi favoriser l’arrivée de plus de personnes sur le marché du travail. Certains de mes collègues s’intéressent ainsi aux opportunités offertes pour les travailleurs handicapés. Un autre avantage du télétravail pourrait être environnemental : il faudra voir si la réduction des émissions liée à la baisse des déplacements vers le lieu de travail compense les augmentations d’électricité à domicile.
P.C.
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