Marché du travail
Des milliers d’emplois à venir pour les jeunes ?
Depuis 20 ans, l’accès des jeunes à l’emploi ne s’est pas vraiment simplifié. Les études du CEREQ et de l’INSEE, dont nous rendons compte plus loin dans ce dossier, le montrent : l’insertion dans le marché du travail est en 2018 plus longue et plus inégalitaire qu’en 1998.
Publié le 18/06/2018 • Mis à jour le 08/03/2022
Depuis 20 ans, l’accès des jeunes à l’emploi ne s’est pas vraiment simplifié. Les études du CEREQ et de l’INSEE, dont nous rendons compte plus loin dans ce dossier, le montrent : l’insertion dans le marché du travail est en 2018 plus longue et plus inégalitaire qu’en 1998. Mais, et c’est moins mesurable et moins bien appréhendé par la statistique, le travail, sous l’impact essentiellement de la révolution numérique, se transforme profondément, et le phénomène ne va cesser de s’accélérer. Les moins de 30 ans devraient en être les principaux bénéficiaires.
Les emplois futurs créés par les start-up
Un exemple : d’ici 2022, les start-up françaises pourraient créer, selon le Boston Consulting Group et le collectif La Boussole, 400 000 emplois. La prévision est peut-être optimiste, le BCG est sûr que les 10% des start-up les plus solides créeront au moins 200 000 emplois. Les bénéficiaires potentiels ? Les jeunes. Les jeunes diplômés surtout. Les plus hauts diplômés ? Pas forcément. Il n’est qu’à regarder les emplois de Data Scientists. Selon McKinsey, il va, uniquement cette année, en manquer 150 000 rien qu’aux États-Unis. Pourtant, malgré leur nom, ces emplois ne sont absolument pas réservés à des spécialistes de la donnée, mais d’abord à des polyvalents un peu fûtés. McKinsey va plus loin, en estimant que, d’ici 2030, 93% des nouveaux emplois vont combiner des compétences basiques et des compétences techniques.
La transformation du travail et des métiers
L’automatisation et l’intelligence artificielle vont accélérer cette transformation du travail qui commence seulement. Dans tous les domaines, industrie traditionnelle comprise. La question pour les moins de 30 ans est double : d’une part, l’adaptation aux nouveaux modèles, en se glissant dans ce nouveau mix de compétences techniques et humaines, d’autre part en sachant se faire recruter. La dernière enquête annuelle Pôle emploi / Credoc a estimé à 2,35 millions les projets d’embauches en 2018, soit 370 000 de plus qu’en 2017. Mais les entreprises, plus particulièrement les PME, anticipent plus de difficultés de recrutement qu’en 2017 : 37,5% s’exprimaient en ce sens l’année dernière, 44,4% cette année. Les couvreurs, chaudronniers, plombiers, bouchers, aides à domicile ou encore mécaniciens de véhicules comptent parmi les métiers les plus en tension, autant que les Data Scientists, les développeurs, ingénieurs robotiques ou joueurs d’e-sport. Pour reprendre une formule du journal Les Echos, « la France est en train de passer de la peur d’embaucher à celle d’échouer à recruter ».
Faut-il revoir les techniques de recrutement ?
D’un côté, des entreprises qui ne savent pas toujours trouver les profils dont elles ont besoin, de l’autre, des jeunes qui utilisent tous les moyens pour trouver un premier emploi, souvent dans un grand désordre : selon un sondage Opinion Way pour le site Wizbii en avril 2018, 47% des 18-30 ans estiment que la candidature spontanée, par courrier ou par mail, est le meilleur moyen de trouver son premier emploi, mais 18% seulement l’ont utilisé en premier. Mieux : 25% des jeunes se disent prêts à faire du porte-à-porte pour déposer directement une candidature dans les entreprises ! Surtout, selon cette enquête, face à des entreprises qui ont de plus en plus peur de ne pas trouver le bon profil, qu’ils soient étudiants ou même sans le Baccalauréat, les jeunes ont la même crainte que leur manque d’expérience professionnelle soit rédhibitoire : 33% des 18-30 ans disent que c’est leur crainte la plus forte dans leur recherche d’emploi. Et lorsqu’on leur demande de raconter comment cela s’est passé, les 18-30 ans répondent que la première difficulté qu’ils ont rencontrée réside bel et bien dans ce manque d’expérience qui leur a été mis en avant. Indépendamment de la question économique, c’est donc bien à une crise des techniques de recrutement que sont confrontés aujourd’hui les moins de 25 ans.
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