Secteurs & Entreprises
L’artisanat d’art, pour l’amour du beau travail
Choix pour les passionnés, les métiers d’art peuvent permettre de faire carrière en développant des savoirs faire rares et recherchés.
Publié le 26/08/2015 • Mis à jour le 16/05/2022
Tous ceux qui ont un jour admiré un vase de céramique, un flacon de cristal, un meuble marqueté ou un sac à main particulièrement fignolés le savent bien : l’amour de la belle ouvrage et du travail bien fait sont des valeurs sures.
Sans avenir à l’heure des robots et des imprimantes 3D ? Au contraire : le fait main, l’objet unique, deviennent d’autant plus précieux que la production de masse se répand. Ainsi, la marque Lacoste vient de commander des polos exclusifs brodés des mains des employées de la maison Lesage, célèbre pour ses broderies d’art. Les métiers d’art peuvent encore conduire à des carrières d’avenir.
Plus de 200 métiers
Il existe plus de 200 métiers différents, dans une vingtaine de secteurs. Les plus connus sont les métiers du bois et la bijouterie, mais il faut aussi penser à la lutherie, la tapisserie, la plumasserie et la broderie pour la couture, le verre et la céramique. On peut trouver un poste dans les maroquineries d’Hermès, Chanel ou Vuitton, ou devenir lissier à Aubusson ou céramiste à Sèvres ou à Limoges. Certains postes, comme ceux de restaurateurs d’objets d’art, dépendent de la fonction publique, au sein des musées.
Le site de l’Institut des métiers d’art donne une idée des possibilités de ce secteur. De même que les Journées européennes des Métiers d’art (JEMA) qui ont lieu chaque année sur une multitude de sites dans toute l’Union européenne et qui offrent des démonstrations et des rencontres avec des artisans d’art.
Pour choisir son métier, il faut être passionné, avoir un goût certain pour la matière et… un peu d’habileté ! Les formations ne manquent pas, du CAP au Bac + 4. Des écoles comme l’Ecole Estienne à Paris forment aux métiers du graphisme, y compris la reliure et l’animation, après le bac. Mais on peut aussi se former en alternance. Sans oublier des filières comme les Compagnons pour le bâtiment et le travail du bois, ou les stages au Centre d’art verrier de Meisenthal, en Lorraine.
Les « grands » du luxe
Les débouchés ? Il existe 38 000 entreprises, indique l’Institut des Métiers d’art. Pour la plupart des PME, voire des entreprises individuelles, mais qui recouvrent aussi des « grands » du secteur du luxe comme LVMH, PPR, Hermès ou Chanel. Elles emploient environ 90 000 personnes pour un chiffre d’affaires de huit milliards d’euros.
Autant dire que le secteur est très hétérogène, mais majoritairement composé de petites entreprises. Ce qui signifie que les salaires ou les revenus pour les individuels ne sont guère élevés en début de carrière. « Mais on ne choisit pas ce métier pour faire fortune » remarque une céramiste.
Certains artisans d’art qui créent des œuvres de très grande qualité parviennent à dégager des revenus confortables. Pas de doute : il faut pour cela aller vers le très haut de gamme. Il suffit de voir les projets des artisans récompensés par le prix annuel Bettencourt- Schueller de l’intelligence de la main pour apprécier la qualité et l’originalité que peuvent déployer certains artisans.
Comme l’indique l’Institut des Métiers d’art, les formations peuvent souvent se poursuivre à l’étranger, une bonne façon de diversifier son savoir- faire. Le site www.moveart.org donne des indications sur plusieurs formations européennes, principalement en Allemagne et en Italie. Dans la filière du verre, on trouve des formations plus diversifiées, avec des stages en Espagne ou en Finlande. Les formations et l’image de marque de la France dans ce secteur peuvent du reste inciter à chercher des débouchés à l’étranger.
Patrimoine et innovation
L’accent mis sur le fait main ne doit pas inciter à penser que les métiers d’art se cantonnent uniquement au patrimoine. Certes, celui-ci est important, notamment pour ce qui concerne la restauration de bâtiments ou d’œuvres d’art. C’est l’occasion de créer des pièces uniques, de restaurer des objets ou bâtiments anciens, en collaboration avec les Monuments historiques ou des musées, par exemple.
Mais l’innovation n’est pas oubliée. C’était d’ailleurs le thème de la dernière édition des Journées européennes des métiers d’art qui ont eu lieu fin mars 2015. Le numérique, les découpes laser et les matières nouvelles sont bien présents dans ce secteur, de la bijouterie au design. Les matières naturelles, bambou, liège et chanvre aussi. Et les métiers d’art ont même depuis peu leur start up, une plate forme spécialisée, One Muze avec profil et boutique réservés aux seuls artisans d’art.
Marie-Laure Cittanova