Innovation
Le digital bouscule le recrutement mais pas forcément les ressources humaines
Tout le monde en est conscient, l’explosion de LinkedIn le montre, mais les dirigeants de ressources humaines ont encore du mal accélérer la transformation digitale de leurs métiers et de leurs entreprises.
Publié le 03/03/2016 • Mis à jour le 24/03/2022
Les techniques de recrutement des entreprises se diversifient de plus en plus avec le numérique. Les grandes entreprises comme Carrefour et son site de recrutement totalement géolocalisé, où, en fonction de ses qualités et compétences, on se voit proposer les offres les plus pertinentes et les plus proches ; mais aussi les PME, qui comprennent qu’un recrutement de cadre dirigeant sur LinkedIn coute trois fois moins cher qu’un recrutement via un cabinet de RH. LinkedIn, dont on commence à voir la manière dont il a terrassé la concurrence, et s’est imposé en quelques années comme leader incontesté des réseaux sociaux professionnels. Alban Jarry, spécialiste des stratégies numériques explique comment LinkedIn s’est imposé avec plus de 400 millions d’utilisateurs : plus simple, plus rapide, moins payant, et surtout assis sur « l’arme fatale » qu’est la plateforme Pulse, « qui permet à n’importe quel professionnel de proposer des textes assez facilement et démultiplie la visibilité des experts ».
La trajectoire de LinkedIn, qui pèse aujourd’hui 25 milliards de dollars, est d’ailleurs assez impressionnante depuis sa création en 2003. Dix millions de membres en France et le potentiel est énorme, beaucoup plus que celui d’autres réseaux, Facebook compris. Fabernovel a ainsi réalisé il y a deux ans une étude sur le réseau, montrant que, de tous les réseaux du Net, il était celui qui monétisait le mieux le temps passé sur le site. Et « sa principale source de revenus est désormais, de loin (60 % des revenus), le service de recrutement qu’elle apporte aux entreprises…Au total, ce sont 40.000 sociétés qui utilisent ainsi ses services à travers le monde ».
La société qui ne se donne aucune limite (il y a 3 milliards d’actifs dans le monde et elle commence seulement à attaquer le marché chinois) vient de lancer Influenceurs, une plate-forme qui s’appuie des « leaders d’opinion », de Barack Obama à Bill Gates, ou, en France d’ Emmanuel Macron à Frédéric Mazzella, en passant par Philippe Wahl.
Le déferlement numérique dans le recrutement a forcément une conséquences dans les ressources humaines. Le secteur se transforme, même si, selon Unow société spécialisée dans les Mooc et la formation en ligne, c’est lent : unanimité des dirigeants RH pour dire que le digital « est une opportunité pour leur organisation » et « pour leur métier », mais 70% pensent que la transformation digitale de la fonction RH est trop lente et 61% que la transformation digitale au sein de leur entreprise n’est pas assez rapide. Constat partagé par le directeur de Dropbox France, Philippe Plichon, qui demandent aux RH de se digitaliser au plus vite, ne serait-ce que pour les nouvelles générations qui n’utilisent que le numérique et sont fascinés par les GAFA : « les fonctions RH assument une double responsabilité : attirer et retenir les talents. Pour ce faire elles doivent jouer leur rôle majeur dans le cycle de transformation numérique de leur entreprise. En investissant sur la mesure des compétences technologiques, les RH se mettent en phase avec les aspirations des nouvelles générations. C’est paradoxalement en préparant au mieux les générations Z à leur prochaine mission, y compris avec de futurs employeurs, qu’elles bénéficieront des meilleurs scores de rétention. Comprendre les technologies et suivre leur déploiement ne suffit plus, l’enjeu prioritaire des RH est bien désormais de prendre un leadership plus marqué sur les problématiques de transformation digitale et surtout des choix de solutions de collaboration » écrit-il.
Une donnée qu’a semble-t-il compris Carrefour lancé en décembre 2015 et qu’explique Thierry Roger, son responsables recrutement, dans le Journal du Net : « cette génération est tellement disruptive que nous avons fait appel non pas à des professionnels du recrutement mais à une agence digitale. Le but est de sortir du schéma dans lequel le candidat se borne à envoyer un CV et une lettre de motivation sur une plateforme. Désormais le parcours candidat doit changer. Il doit être plus digital tout en donnant plus d’interactions humaines, ce qui est un vrai défi ».