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Innovation

Les algorithmes traqueurs de compétences débarquent

Le CV et le diplôme ne sont plus les seuls critères essentiels d’embauche. De nombreuses start-up et sociétés travaillent maintenant à la création d’algorithmes détectant les compétences et mettant en relation directement l’offreur et le demandeur d’emploi. Des ONG et Pôle emploi s’engagent dans cette voie aussi.

L’algorithme au cœur de l’économie

Uber et Airbnb ont révolutionné les transports et l’hôtellerie. Le marché de l’emploi n’échappe pas à cette mutation. Comme les autres, il doit s’adapter aux transformations de l’économie. Beaucoup s’y emploient. « Il faut revoir le système » affirme Pascal Lorne, fondateur de Gojob. Soutenu par les papes de la nouvelle économie, Pierre Kosciusko-Morizet, fondateur de Price Minister, Frédéric Mazzella de BlaBlaCar et Jean Bapstiste Rudelle de Criteo.

Pascal Lorne a inauguré à Marseille une plate-forme (Gojob) qui fait l’intermédiation entre entreprises et chercheurs d’emploi. L’idée est de « digitaliser le bouche à oreille ». Les demandeurs d’emploi, réunis sur ce réseau social de contractualisation, seront jugés sur leurs seules qualifications et notés sur leurs aptitudes validées lors de précédentes missions.

Un site sur le modèle de Upwork où 10 millions de freelances offrent leurs services à 4 millions de sociétés dans 180 pays par le biais de filtres innovants. Gojob associe également des « fonctions » d’assouplissement du marché du travail (intérim, portage salarial, régie) et promet en devenant l’employeur de ses gojobers de leur assurer une activité régulière et un revenu décent.

L’emploi également bénéficiaire

Une façon novatrice d’aborder des profils que Pôle emploi teste, avec la start-up Skilvioo, dans son agence de Grenoble Cadres, en visant les métiers en tension.

En appréhendant les individus dans toutes leurs dimensions, y compris leurs hobbys et leur vie familiale, se dégagent des compétences transposables dans la vie professionnelle. Une façon d’ouvrir le champ des possibles sans se limiter à un métier, choisi en fonction de ses diplômes ou d’une opportunité. Même avantage du côté des entreprises qui définissent leur profil de poste essentiellement en fonction d’un référentiel de compétences adapté à leurs besoins.

Une approche qui sécurise et pérennise le recrutement, assure le PDG de Skilvioo. Les employeurs sont plus pointus dans leurs demandes et les demandeurs d’emploi gagnent en confiance, en donnant du sens à leur parcours. Démarche encore plus novatrice avec Paul Duan. Le jeune prodige français des algorithmes a fondé ce qui peut être considéré comme la première ONG du Big Data, Bayes Impact.

Il se définit lui-même comme un idéaliste pratique, et il se sert des données pour sauver des vies. En clair, il a mis au point des algorithmes de traitement de données permettant aux médecins de prévoir les maladies ou rechutes de leurs patients. Il travaille aujourd’hui avec Pôle emploi afin de mettre en place des services utilisant des algorithmes pour simplifier la recherche d’emploi, l’information, l’orientation professionnelle ou la formation.

Autre façon de se faire repérer par ses compétences, les Moocs (formations en ligne) et autres Coocs (modules de formation des entreprises). Les employeurs y repèrent les profils les plus intéressants en fonction de leur participation et de la pertinence de leurs questions. Les serious game confrontent également les candidats en fonction de leurs compétences et les développeurs informatiques font des battles au cours d’hackatons dans le langage de programmation de leur choix pour séduire les entreprises.

Mais les algorithmes ne s’arrêtent pas uniquement aux start-up. De nombreuses grandes entreprises cherchent à augmenter la performance de leur système de recrutement (ATS) en y intégrant des modules data afin de détecter la valeur des candidats en appui du responsable des ressources humaines qui reste seul à prendre la décision ou bien à prédire les besoins de compétences.

Les derniers résultats de NetObserver®, le baromètre de l’expérience utilisateur de l’institut Harris Interactive, souligne en tout cas la sensibilité des internautes aux améliorations et innovations apportées par chacun. Cette étude établie à intervalles réguliers un top 10 des sites les plus qualitatifs. Les derniers résultats placent Pôle emploi en-tête parmi les sites de la catégorie emploi-formation avec 21% de part de votes des 5 887 visiteurs réguliers de ces sites. Linkedin et Indeed gagnent deux points par rapport à l’édition précédente.

Cécile Antoine

Mis à jour le 27 juin 2022 • Publié le 27 juin 2022

Mis à jour le 31 mars 2022 • Publié le 31 mars 2022