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L’irrésistible progression des métiers qualifiés depuis 30 ans
Plus les métiers sont qualifiés, plus ils prennent de l’importance dans la structure globale de l’emploi français. C’est la conclusion d’une étude du ministère du Travail qui montre également, sur trente ans, une évolution différente des emplois en France que dans les pays anglo-saxons.
Publié le 23/04/2015 • Mis à jour le 20/04/2018
En trente ans, l’emploi s’est très fortement modifié en France. Une certitude : il a fortement progressé dans les métiers qualifiés. Une interrogation : tous les métiers peu qualifiés ne sont pas logés à la même enseigne, certains progressant fortement, d’autres déclinant encore plus fortement. C’est ce que révèle une enquête du ministère du Travail qui a d’abord travaillé à partir du salaire horaire moyen pour s’apercevoir que la part dans l’emploi des familles professionnelles les plus qualifiées est passée de 25.2% en 1982 à 36% en 2012. Cela va, bien évidemment, des ingénieurs de l’informatique qui passent de 49 000 à plus de 350 000 emplois sur la période, aux cadres des services administratifs, comptables et financiers (414 000 emplois en plus). Certains métiers qualifiés restent stables comme celui d’enseignant qui a fortement progressé jusqu’au début des années 2000 avant de redescendre progressivement à son niveau de 1982. Dans le même temps, les métiers les moins qualifiés, ont très fortement décliné. Si l’on exclut les aides à domiciles ou assistantes maternelles dont la progression est liée à l’évolution démographique, leur part dans l’emploi est passée de 22,8 % à 16,7 %. Le plus spectaculaire : le nombre d’ouvriers non qualifiés du textile et du cuir est passé de 277 000 à seulement 20 000 en 30 ans ! Les dégringolades sont fortes aussi dans le bois et l’ameublement, l’agriculture. En revanche dans ces secteurs, on s’aperçoit que la part des qualifiés augmente comme partout ailleurs : il y a ainsi deux fois plus de techniciens et de cadres dans l’agriculture en 2012 qu’en 1982. Idem dans le BTP.
Ces conclusions étaient un peu attendues, mais lorsque l’on regarde l’évolution de manière plus précise, on s’aperçoit qu’il n’y a rien de vraiment linéaire dans ces évolutions. Selon la DARES « des années 80 aux années 90, l’emploi a augmenté avec le niveau de qualification, alors que des années 90 aux années 2000, les évolutions de l’emploi ont été particulièrement variables d’un métier à l’autre. Ainsi, parmi les métiers les plus qualifiés, la part dans l’emploi a augmenté pour certains métiers (ingénieurs de l’informatique, ingénieurs et cadres de l’industrie, personnels d’études et de recherche notamment) mais a diminué pour d’autres (médecins, cadres du bâtiment et des travaux publics, cadres de la banque et des assurances, dirigeants d’entreprise notamment). Sur la période des années 2000 aux années 2010, les évolutions sont moins disparates et l’emploi a tendance à augmenter avec le niveau de qualification »
En fait sur 30 ans, le plus évident est la relation croissante entre l’évolution de la part d’un métier dans l’emploi et son niveau de qualification. Plus un métier nécessite de qualifications, plus il devient important proportionnellement dans l’emploi français. Il n’y a qu’une seule véritable exception, celle des aides à domicile, aides ménagères et assistantes maternelles. Moins évident, mais tout aussi important : l’évolution de la structure de l’emploi ne ressemble pas en France à celle des pays anglo-saxons, Etats Unis en tête. Depuis quelques années beaucoup d’économiste avaient mis en évidence la forme en U qu’avait l’emploi : beaucoup d’emplois très qualifiés et beaucoup d’emplois pas qualifiés et rien entre les deux. La DARES constate que cette même évolution en France ne se fait au détriment des métiers intermédiaires qui disparaitraient : il n’y a pas en France de polarisation excessive des emplois vers le haut ou le bas de la hiérarchie
Jean-Pierre Gonguet